10/03/2012
WWDR4

Plus d'incertitude et plus de risque

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4ème Rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau

Le Programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau – en anglais World Water Assessment Programme, WWAP, publie aujourd'hui son Rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau – WWDR4.
L'auteur principal de cette 4ème édition, Richard Connor, chef
scientifique d'Unisféra, centre d'expertise canadien sur le
développement durable, revient sur les messages-clés du rapport.

La "centralité de l’eau" – L’eau est le pilier sur lequel
repose tous les principaux aspects sociaux et économiques du
développement. Le lien au développement social  englobe la santé, la
pauvreté, l’éducation et la sécurité publique. Le lien au développement
économique englobe l’agriculture, l'industrie l’énergie et le
transport. Ainsi, de par sa centralité – le fait qu’elle lie les
différents secteurs, l’eau est l'unique clé de résolution des plus
grandes crises internationales : alimentaires, énergétiques, sanitaires,
comme celles liées aux changements climatiques.

L’incertitude et le risque – Les systèmes politiques et
sociaux mondiaux évoluent de manière imprévisible ; les événements
surviennent à un rythme toujours plus rapide et leurs effets sur le long
terme sont incertains. D’ici 2050, nous devrons augmenter la production
de nourriture de 70 % et celle d’électricité de 50 %. Dans le même
temps, la population mondiale sera passée de 7 milliards de personnes
aujourd'hui à 9 milliards, et la quasi-totalité de la croissance
démographique sera concentrée dans les villes, principalement dans les
pays en voie de développement. Cette évolution imposera une croissance
phénoménale des services d’eau potable et d’assainissement en milieu
urbain.

L’ampleur de l’impact sur la demande en eau est incertaine car elle
dépend, entre autres, du niveau de vie, des modes de consommation, de
l'espérance de vie ainsi que des évolutions technologiques. Cette
incertitude porte en elle les germes de nouveaux risques pour le
développement. L’état des ressources en eau évoluera également de façon
incertaine. Le changement climatique fait que certaines régions
deviendront plus sèches, alors que d’autres subiront plus d’inondations
et d’évènements extrêmes. Le taux mondial de captage des nappes
phréatiques a plus que triplé au cours de ces cinq dernières décennies.
Aussi importants soient-ils, beaucoup de ces réservoirs aquifères non
renouvelables,  vont s'épuiser si leur utilisation n'est pas
correctement gérée.

Nos activités humaines affectent également la qualité de l’eau, et donc
sa disponibilité. Les coûts d'exploitation s'en ressentiront. On estime
que plus de 80 % des eaux usées de la planète ne sont ni collectées ni
traitées, et que les agglomération urbaines constituent la source
principale de pollution ponctuelle. Élément majeur de l'activité
économique, l'eau est affectée par les décisions d'un grand nombre
d'acteurs qui, dans la plupart des pays, ne jouant aucun rôle dans
l'élaboration des politiques de gestion de l'eau. Les risques seront
différemment gérés par chacun de ces acteurs, selon leur secteur ou
domaine d'activité. Il est donc important de fournir à ces
décisionnaires les outils de connaissance et de gestion afin de
favoriser une meilleure gestion globale des ressources, voire une
réduction des effets négatifs.

Changer nos façons de voir – Il faut cesser de penser
"répartition de la ressource" (et décider quelles quantités d’eau iront à
tel ou à tel secteur) pour, au contraire, réfléchir en termes de
"répartition des bénéfices" – et ce de façon équitable. Cette
répartition des bénéfices nécessitent une approche coordonnée, ou
concertée, des différents secteurs en compétition afin de valoriser au
mieux la ressource tout en s'assurant que les progrès atteint dans un
secteur ne provoquent pas le déclin d'un autre.

Des institutions fortes – Cette exigence impose des
institutions et une volonté politique fortes ; il s'agit de faciliter le
dialogue entre les différents acteurs pour in fine mieux
répartir les risques. Les cadres institutionnels et réglementaires à
mettre en place devront également être relativement flexibles, afin de
pouvoir s’adapter aux changements qui affecteront la gestion de l’eau.
Les interdépendances globales seront de plus en plus tissées à travers
l’eau : si des actions ne sont pas prises dès maintenant, certaines
régions ou certains secteurs dont les disponibilités en eau sont
insuffisantes vont devoir puiser leurs ressources ailleurs, sur d'autres
régions ou secteurs.

Davantage de concertation – Finalement, dans des
conditions d’incertitude et de risque toujours croissants, l’action
concertée devra être renforcée et réunir autour de la puissance
publique, les gestionnaires de l’eau, le secteur privé  ainsi que la
société civile ; cette concertation devra aussi s'établir à tous les
échelons : local, national et global, en profitant des bassins versants.
Il est particulièrement critique que les gouvernement nationaux
assument leur leadership en donnant priorité à l’eau au sein des
différentes politiques sectorielles clés : de l'économie et du commerce,
de la sécurité alimentaire et énergétique, de la santé et de la
sécurité publique, comme au sein des politiques de développement
territorial et de financement. Cette priorité doit s'affirmer au plan
national comme au plan international en actionnant tous les leviers
possibles : les conventions des  Nations unies, la Conférence des
Nations unies sur le développement durable (Rio+20) et les Objectifs du
millénaire pour le développement.

Plus de détails sur le WWDR4 – Plus d'incertitude, plus de risque
WWAP – 12-03-2012